L'agriculture française, pilier de notre économie et garant de notre indépendance alimentaire, traverse une crise profonde, marquée par un sentiment d'abandon des pouvoirs publics, dans un contexte difficile de transition climatique. Cette crise est exacerbée par une accumulation de difficultés économiques, une concurrence déloyale, l'effondrement des revenus agricoles et des contraintes réglementaires kafkaïennes.
Ce n'est un secret pour personne : la bureaucratie a envahi tous les aspects de notre société. Ce mille-feuille — un écheveau de services, d’agences et d’autres organisations — transforme la vie des agriculteurs et, plus globalement, celle des Français en un véritable cauchemar. Si les normes ont leur utilité en matière de protection, leur mise en œuvre pèche souvent par un manque de concertation avec les parties prenantes. De plus, même lorsqu'une consultation a lieu, les délais accordés pour l'application de ces normes sont généralement insuffisants, ne laissant pas le temps nécessaire pour une mise en place adaptée et réfléchie.
L'emblématique scène du dessin animé "Les Douze Travaux d'Astérix", où Astérix navigue dans un labyrinthe administratif interminable, n'est pas qu'une satire humoristique, mais reflète avec acuité notre réalité administrative. Dans sa chronique, que je vous partage, François Lenglet met en lumière l'absurdité et les contradictions de cette bureaucratie, surtout dans la gestion des aides et subventions. Il n’est bien évidemment pas question de critiquer l’économie circulaire dont je suis un fervent défenseur, mais plutôt de pointer du doigt l’absurdité bureaucratique. L'enfer est pavé de bonnes intentions, ce qui est particulièrement vrai dans ce contexte de bureaucratie excessive.
En retournant les panneaux de leurs communes en signe de mécontentement, les agriculteurs ont parfaitement su décrire cette France qui marche sur la tête. Au sommet de cette technostructure française, trône le Conseil National d'Évaluation des Normes, une perle rare d'ironie involontaire censée évaluer les normes dans une nation déjà asphyxiée sous leur fardeau...
Le "choc de simplification" promis par le Président de la République intervient bien tard et dans un contexte de grande tension. Il est ironique d'imaginer les architectes de ce labyrinthe administratif en agents de sa simplification, risquant de créer une bureaucratie encore plus lourde – un scénario où l'introduction de dix nouveaux formulaires serait la solution pour remplacer un seul. Ne souriez pas, une telle absurdité, bien que surréaliste, est possible et probable.
Parcoursup, le système d'admission post-bac, illustre parfaitement cette dérive bureaucratique, complexifiant à l'excès un projet initialement destiné à la simplification. Qui, dans un vertige bureaucratique, a pu concevoir une complexité aussi absurde ? Cette surcharge administrative, loin de rationaliser, s'enlise dans un formalisme excessif, créant un dédale de procédures incompréhensibles et inefficaces. La complexité administrative et la prolifération organisationnelle ont lieu dans de nombreux autres secteurs de l’action publique et nuisent plus qu'elles ne facilitent le fonctionnement efficace de ces secteurs. Elles créent des obstacles inutiles, augmentent les délais de traitement et génèrent des coûts supplémentaires, tout en décourageant l'innovation et la créativité. Dans la santé, elle entrave l'innovation et l'accès aux soins, tandis que dans le bâtiment, elle submerge les professionnels sous une avalanche de réglementations parfois contradictoires.
La France doit urgemment réformer ce millefeuille administratif pour revitaliser ses secteurs vitaux et valoriser le temps et l'énergie de ses citoyens. Une réforme en profondeur est nécessaire pour transformer ce labyrinthe en un modèle de performance et de clarté. Comme l’a si bien résumé François Lenglet, les fonctionnaires créent des normes. Les normes créent des fonctionnaires. C'est ce qu'on appelle le mouvement perpétuel...
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