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Photo du rédacteurSteve Moradel

Silicon Army

J'avais déjà évoqué les liens étroits entre la Silicon Valley et les activités militaires américaines, liens qui se sont consolidés ces dernières années de manière spectaculaire. L’exemple emblématique reste celui d’Eric Schmidt, ancien PDG de Google, devenu conseiller du Pentagone. En parallèle, Schmidt a investi dans Rebellion Defense, une entreprise spécialisée dans les logiciels d’intelligence artificielle destinés à l’industrie de la défense, illustrant parfaitement la double dynamique entre innovation technologique et stratégie militaire.

Cette collusion fonctionne dans les deux sens : les géants de la Tech recrutent également d’anciens hauts responsables du renseignement. Keith Alexander, qui dirigeait la puissante Agence nationale de sécurité (NSA) de 2005 à 2014, a ainsi rejoint récemment le conseil d’administration d’Amazon. Ce phénomène souligne une interpénétration croissante entre les grandes entreprises technologiques et les structures de défense et de renseignement, où l’expertise de l’un alimente les besoins stratégiques de l’autre.

Un autre acteur incontournable dans cette équation est la DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency), créée en 1958 par le président Eisenhower pour répondre aux défis technologiques posés par la guerre froide. Derrière cette agence, qui agit comme un fonds d’investissement stratégique, se cachent des avancées majeures ayant révolutionné le monde : ARPANET, le précurseur d’Internet, SpaceX, le GPS ou encore Boston Dynamics, aujourd’hui sous contrôle coréen. Ces innovations témoignent du rôle clé de la DARPA dans la projection de la puissance technologique américaine.


En Europe, et particulièrement en France, l’absence d’un écosystème technologique entièrement souverain se fait cruellement sentir. Faute d’alternatives locales, la DGSE a renouvelé en 2019 son contrat avec Palantir, une entreprise américaine spécialisée dans l’analyse de données et souvent critiquée pour sa proximité avec les services de renseignement américains. Ce choix illustre les limites des capacités européennes à rivaliser avec l'hégémonie technologique américaine dans des secteurs stratégiques.

Cette relation entre la Silicon Valley et l’appareil de sécurité nationale américain soulève des questions fondamentales sur l’indépendance technologique, la souveraineté numérique et la dépendance croissante des États à des entreprises privées dont les intérêts ne sont pas toujours alignés avec ceux des gouvernements qu'elles servent. Une réalité qui, à bien des égards, redéfinit les contours du pouvoir dans le monde contemporain.

GAFAM

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